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Parent avec un bébé prématuré
Pas de pleurs... des bips, des écrans... Au service de médecine néonatale de Port-Royal hôpital Cochin, à Paris, les bébés sont enveloppés dans des langes et dorment dans des couveuses. Ils sont sortis trop tôt du ventre de leur mère. Marion, Noa, Cheick... font partie des 65 000 bébés qui naissent prématurés (8 % des naissances) chaque année...

Un nombre qui croît régulièrement depuis vingt ans, en raison de l'augmentation des grossesses multiples, liée à celle de l'âge des mères et au développement de la procréation médicalement assistée (PMA). La prématurité induite (provoquée en raison d'une pathologie) croît également. Parfois, les bébés peuvent rester dans le service jusqu'à quatre mois. Les premières semaines sont souvent émaillées de complications, avec des doutes quant à la survie et aux éventuelles séquelles. C'est un traumatisme. Même courte, l'hospitalisation en néonatalogie perturbe la relation mère-enfant. Souvent, les accouchements se faisant dans l'urgence, la mère ne voit son bébé que quelques secondes. "Au début, j'ai eu l'impression que Noa m'en voulait, je me disais qu'elle ne pouvait pas m'aimer car elle devait être dans mon ventre. J'étais impuissante", explique Delphine Kocher, maman de Noa, née à 26 semaines à Port-Royal. "C'était un grand moment de solitude. Il y avait des machines qui bipaient de partout et mon bébé qui ne ressemblait pas du tout à un bébé. J'ai pleuré pendant trois jours", se souvient Caroline Souil, mère d'Ambre, née en mai 2007, au terme de 29 trop courtes semaines de grossesse.

Ce sentiment d'impuissance est propre à tous les parents, qui passent d'un rôle actif, pendant la grossesse - où l'accouchement et le bébé sont fantasmés -, à quelque chose de subi, où tout leur échappe et basculent "hors du temps". "Dépossédées, dévalorisées, les mères se sentent coupables. "Qu'est-ce que j'ai pu faire ?", s'interrogent-elles", raconte Myriam Dannay, psychologue clinicienne à SOS Préma, une association qui vient en aide aux parents de prématurés. Toutes les mères racontent la douleur de ne pas prendre leur bébé dans leurs bras. "Tout ce qui fait la beauté de la maternité n'existe pas", se souvient Ariane Chryssostalis, dont les jumeaux, nés à 31 semaines, sont sortis lundi 15 juin. "Je n'ai pu la prendre dans mes bras qu'au bout d'un mois, elle m'a reconnue immédiatement. A partir de ce jour-là, c'était ma fille", raconte la mère de Noa. Souvent, les pères viennent voir leur bébé le soir après leur travail. C'est parfois difficile de construire le lien. "Les trois premiers jours, j'avais l'impression d'être à la fois le père et la mère, car la maman de Théo n'a pas pu le voir. Je voulais être sûr qu'elle allait l'accepter, car ce n'était pas l'enfant idéal, raconte Pierre, père de Théo, né à 32 semaines et aujourd'hui âgé de 9 ans. J'ai été soulagé car ma femme a tout de suite été attendrie."

"Les équipes médicales font beaucoup pour restaurer ce lien, pour tenter de réparer la blessure narcissique des mères", explique Danièle Vandenberghe, psychologue psychothérapeute à Port-Royal. "Certains parents n'imaginent pas qu'un bébé si petit peut se saisir de leur présence, du toucher. Au début, c'est très ténu. Le bébé dort beaucoup. Puis les parents vont se rendre compte que le bébé les reconnaît", poursuit-elle. "Dès que l'état de santé du bébé le permet, on propose le "peau à peau". Cette méthode universelle restaure le contact intime entre la mère et l'enfant, ce qui comporte des aspects sensoriels (la voix, l'odeur...)", souligne Guy Moriette, chef du service de médecine néonatale de Port-Royal. "En dehors du peau à peau, nous développons une nouvelle approche : les soins de développement, qui consiste à s'adapter aux besoins du bébé, en impliquant les parents dans cet apprentissage", poursuit le docteur Moriette.

Créée en 2007, la Fondation pour la prévention de la prématurité et la protection du nouveau-né prématuré (Prémup) insiste sur la nécessité de "favoriser le lien bébé-parents", explique Natacha Michelin, infirmière à Port-Royal. Les associations, comme SOS Préma créée en 2004, peuvent aussi aider les parents. Mais les parents s'entraident beaucoup. Elle est d'autant plus importante quand la mort survient. Le taux de mortalité des prématurés oscille entre 5 % à 15 % dans les services de réanimation et de soins intensifs, contre 0,3 % pour des naissances à terme. "On prévient les parents si on peut être amené à ne pas poursuivre les soins intensifs, en cas d'impasse thérapeutique et de séquelles trop graves", explique le professeur Pierre-Henri Jarreau, du service de médecine néonatale de Port-Royal.

"Beaucoup de mères s'effondrent à la sortie. Les incertitudes demeurent", souligne Myriam Dannay. Mais dans la plupart des cas, les enfants rattrapent leur retard et leurs parents retrouvent leur place.

Source: www.lemonde.fr
Auteur : Pascale Santi
 

Le nombre de prématurés représentait 8 % des naissances en 2007 (65 000 enfants), soit près de 180 par jour. Le chiffre était de 5,4 % en 1995 et 7,2 % en 2001. On parle de naissance prématurée avant 37 semaines d'aménorrhée (SA, c'est-à-dire depuis les dernières règles) soit 35 semaines de grossesse, de grande prématurité de 28 SA à 31 SA plus 6 jours et de très grande prématurité avant 28 SA. La prématurité moyenne est de 32 SA à 36 SA plus 6 jours. Un bébé peut être déclaré vivant et viable à partir de 22 SA ou d'un poids de 500 grammes, selon l'OMS. "La décision de réanimer varie selon les pays. En France, il est rare que des enfants soient réanimés avant 24 semaines. Il existe une zone dite "grise" dans les 24-25 semaines, mais il faut être vigilant avant de prendre une décision car le terme n'est pas précis à un jour près, explique le docteur Pierre-Henri Jarreau du service de médecine néonatale à Port-Royal. A partir de 26 semaines, il y a un consensus sur le fait que la réanimation doit être tentée, sauf circonstances particulières."